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Le ralentissement de l’intégration commerciale et la hausse des droits de douane mettent à l’épreuve la résilience de l’économie mondiale

Pendant des décennies, le commerce mondial a connu un essor rapide, favorisé par l’abaissement des droits de douane par les pays et par leur adhésion à la mondialisation. Dans le monde entier, les droits de douane ont radicalement baissé et ont convergé vers les faibles niveaux appliqués par les États-Unis.

Mais les progrès marquent le pas. Depuis la crise financière de 2008, l’ouverture aux échanges commerciaux ne progresse plus, et les importations mondiales stagnent à environ un tiers du PIB. Les tensions commerciales se sont intensifiées cette année. Certains grands pays font marche arrière alors que les droits de douane américains ont atteint en avril leur niveau le plus élevé depuis plus d’un siècle. D’autres pays ont réagi.

Une descente au point mort

Les droits de douane moyens effectifs à l’échelle mondiale ont baissé pendant des décennies pour se rapprocher des taux américains, mais marquent le pas depuis longtemps.

SOURCES : Banque mondiale ; calculs des services du FMI.

Rebond tarifaire

Les droits de douane moyens effectifs des États-Unis ont atteint leur plus haut niveau depuis un siècle.

SOURCES : Maison Blanche ; Bureau d’analyse économique des États-Unis ; calculs des services du FMI.

Cette nouvelle donne a de graves conséquences sur l’économie mondiale. Maints petits pays tributaires du commerce sont plus exposés à cette reconfiguration des échanges. L’incertitude exceptionnelle entourant la politique commerciale fait qu’il est plus difficile pour les entreprises du monde entier de planifier l’avenir.

Pour faire face aux incertitudes et améliorer leur potentiel de croissance, le mieux pour les pays est de renforcer la résilience et la compétitivité chez soi. Il faut donc renforcer les fondamentaux macroéconomiques en reconstituant les marges de manœuvre budgétaires, en maintenant la stabilité des prix et en assurant la solidité financière. Les réformes visant à accroître la productivité, à réduire les obstacles à l’entreprise privée et à attirer l’investissement peuvent faciliter l’adaptation des pays.

Il est tout aussi important de remédier aux déséquilibres intérieurs et extérieurs, surtout aux gros déficits et excédents, qui ont aggravé les tensions.

Aujourd’hui, la tâche est non pas de préserver le passé, mais d’édifier une nouvelle économie mondiale mieux équilibrée et plus résiliente.

Sous pression

L’ouverture commerciale semble avoir atteint son point culminant et devrait fléchir dans un contexte d’incertitude sans précédent en matière de politique tarifaire. Alors qu’ils sont relativement fermés, les États-Unis, la Chine et l’Union européenne sont les premiers importateurs mondiaux. La modification de leurs courants d’échanges commerciaux a des répercussions considérables. En revanche, les petits pays avancés et la plupart des pays émergents sont plus ouverts au commerce et en sont tributaires pour alimenter leur croissance.

Niveau exceptionnel

L’indice d’incertitude entourant la politique commerciale est monté en flèche.

SOURCES : ASEANstat ; Eurostat ; FMI ; Caldara et al. (2020), « The Economic Effects of Trade Policy Uncertainty » ; calculs des services du FMI. NOTE : Le diagramme de dispersion est tracé à l’aide des données de 2024. Les importations de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), de l’Union européenne (UE) et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) excluent les importations à l’intérieur des blocs. Les importations à l’intérieur de l’ASEAN sont basées sur les dernières données disponibles pour 2023. L’indice d’incertitude entourant la politique commerciale est calculé à partir des données mensuelles ; celles du mois d’avril correspondent à la moyenne jusqu’au 14 avril. Octobre 2024 = 100.

 

Cet article est basé sur un discours prononcé le 17 avril 2025 par Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI.

JEFFRY FRIEDEN est professeur au département de gouvernement de l’Université Harvard.

Les opinions exprimées dans la revue n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement la politique du FMI.