Entre réformes et grandes espérances
Les pays d’Afrique subsaharienne mettent en œuvre des réformes difficiles et indispensables pour rétablir la stabilité macroéconomique et, bien que les déséquilibres globaux aient commencé à se résorber, la situation est hétérogène. Les dirigeants sont confrontés à trois principaux obstacles. Premièrement, la croissance régionale, attendue à 3,6 % en 2024, est globalement atone et inégale, même si une modeste reprise est prévue l’année prochaine à 4,2 %. Deuxièmement, les conditions de financement demeurent restrictives. Troisièmement, l’interaction complexe entre la pauvreté, le manque de débouchés et la mauvaise gouvernance, conjugués à des augmentations du coût de la vie et à des difficultés à court terme liées aux ajustements macroéconomiques, nourrissent les frustrations sociales. Dans ce contexte, les décideurs doivent se livrer à un véritable exercice d’équilibriste consistant à concilier quête d’une stabilité macroéconomique, réponse aux besoins de développement et assurance de l’acceptabilité sociale et politique des réformes. Il sera essentiel de protéger les plus vulnérables des coûts de l’ajustement et de mettre en œuvre des réformes qui créent suffisamment d’emplois pour mobiliser le soutien public.
Le temps presse : relever le défi urgent de la création d’emplois en Afrique subsaharienne
L’Afrique subsahariennedoit impérativement créer des emplois pour sa population croissante, en particulier dans les pays fragiles et à faible revenu. Les marchés du travail de la région se heurtent à un niveau élevé d’informalité et des entraves à la création d’emplois, ce qui se traduit par un manque d’emplois de qualité. Pour y remédier, il est essentiel d’assurer une croissance de la productivité dans tous les secteurs, y compris le secteur informel. Les mesures devraient surtout viser à soutenir les travailleurs, éliminer les obstacles à la croissance des entreprises et favoriser une transition vers des industries à productivité accrue qui peuvent créer des possibilités d’emploi plus importantes.
Une région et deux trajectoires : divergence en Afrique subsaharienne
En Afrique subsaharienne, depuis une dizaine d’années, les pays riches en ressources naturelles présentent une croissance inférieure à la moitié de celle des pays pauvres en ressources naturelles, et les pays exportateurs de carburants sont les moins bien lotis. Cette divergence s’explique en grande partie par le fait que les pays riches en ressources naturelles, au premier rang desquels les pays exportateurs de carburant, ont subi un choc spectaculaire sur les termes de l’échange. De plus, l’impact de ces chocs sur les pays riches en ressources naturelles a été amplifié par plusieurs facteurs de vulnérabilité structurels : insuffisance de la gouvernance et de la gestion des recettes tirées des ressources naturelles, climat peu propice aux affaires, manque de capital humain et forte prévalence des conflits et des situations de fragilité. Ces facteurs ont conféré à la politique budgétaire une orientation procyclique et entravé la diversification économique et l’essor du secteur privé. Pour recréer les conditions d’une croissance durable, il sera nécessaire de mettre en place un environnement macroéconomique stable et d’éliminer les distorsions entraînées par certaines politiques publiques. La consolidation des cadres budgétaires peut contribuer à renforcer la croissance. Les réformes qui visent à remédier aux faiblesses structurelles peuvent aider les pays à diversifier et faire croître leur activité économique.
Égalité des chances : parité femmes-hommes et développement économique en Afrique subsaharienne
L’Afrique subsaharienne a accompli des progrès notables pour réduire les inégalités femmes-hommes ces vingt dernières années, mais des défis subsistent. Malgré l’amélioration de la participation au marché du travail et de la représentation politique, des écarts persistent dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’accès aux ressources financières. Les obstacles juridiques et les pratiques néfastes telles que le mariage d’enfants et la violence sexiste limitent les opportunités pour les femmes, freinant ainsi leur autonomisation économique. Il est essentiel de s’attaquer à ces problèmes pour stimuler la productivité et favoriser une croissance inclusive dans la région. Les recommandations mettent l’accent sur les réformes juridiques, l’amélioration de l’accès à l’éducation et la promotion de l’inclusion financière. L’autonomisation des femmes peut favoriser la diversification économique et réduire la pauvreté, créant ainsi une main-d’œuvre plus résiliente et dynamique qui soutient la stabilité économique à long terme en Afrique subsaharienne.