Moyen-Orient et Asie centrale
Perspectives économiques régionales pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale
octobre 2019
L’impact des vents contraires mondiaux sur la croissance des pays de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP) reste modéré jusqu’à présent. Cependant, la croissance demeure trop faible pour répondre aux besoins de populations en pleine expansion, tandis que les risques pesant sur les perspectives ont augmenté. Il s’agit de l’incertitude entourant le commerce mondial, de la volatilité des cours pétroliers, des tensions géopolitiques et de la vulnérabilité intérieure dans certains pays.
Messages principaux
L’impact des vents contraires mondiaux sur la croissance des pays de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP) reste modéré jusqu’à présent. Cependant, la croissance demeure trop faible pour répondre aux besoins de populations en pleine expansion, tandis que les risques pesant sur les perspectives ont augmenté. Il s’agit de l’incertitude entourant le commerce mondial, de la volatilité des cours pétroliers, des tensions géopolitiques et de la vulnérabilité intérieure dans certains pays.
Évolution de l’économie mondiale : conséquences pour la région Moyen-Orient et Asie centrale
L’évolution de l’économie mondiale continue à avoir des conséquences sur la région Moyen-Orient et Asie centrale. La croissance moyenne mondiale a une fois de plus été révisée à la baisse et devrait être de 3 % en 2019 et de 3,4 % en 2020, alors qu’il était prévu qu’elle soit de 3,7 % pour les deux années (voir l’édition d’octobre 2019 des Perspectives de l’économie mondiale). Bien que la réduction de la demande mondiale puisse être partiellement compensée par le récent assouplissement des politiques monétaires à l’échelle mondiale, le fait que le ralentissement concerne tout particulièrement des partenaires commerciaux de premier plan (notamment l’Europe et la Chine) a intensifié les effets de cette évolution sur la région Moyen-Orient et Asie centrale. Malgré la montée des tensions géopolitiques, y compris celles liées à l’Iran, les récentes perturbations de la production pétrolière en Arabie saoudite et les conflits en cours dans la région (Libye, Yémen), les prix mondiaux du pétrole sont restés étonnamment bas et les conditions financières relativement souples.
Pays exportateurs de pétrole de la région MOANAP
La croissance à court terme reste faible pour les pays exportateurs de pétrole de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP), dans un contexte de volatilité des prix du pétrole, de croissance mondiale précaire, de forte vulnérabilité budgétaire et de montée des tensions géopolitiques.
Pays importateurs de pétrole de la région MOANAP : défis budgétaires et pressions sociales
Les pays importateurs de pétrole de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP) devraient connaître, au cours des prochaines années, une croissance modérée, inférieure à celle des pays comparables. Celle-ci est freinée par l’endettement public élevé et les coûts de financement associés, qui sont en outre à l’origine de fortes tensions budgétaires. Or, dans un contexte de fébrilité sociale et de chômage persistants, conjugué à une conjoncture mondiale défavorable, les dirigeants sont confrontés à un arbitrage délicat entre reconstitution de l’espace budgétaire et redynamisation de la croissance. Pour l’heure, les conditions financières mondiales favorables et la baisse des prix du pétrole leur facilitent la tâche. La réduction de l’endettement public devra toutefois passer par un assainissement des finances publiques et des politiques en faveur d’une croissance plus vigoureuse et plus inclusive.
Flux de capitaux vers les régions MOANAP et CAC : possibilités et risques
Les flux de capitaux vers les pays du Moyen-Orient et de l’Asie centrale ont fait preuve de résilience, même dans un contexte de resserrement des conditions financières mondiales en 2014–16. Ces flux ont permis de financer les déficits courants et budgétaires, ce qui a favorisé des ajustements plus graduels. Avec l’intégration croissante de la région dans les marchés financiers mondiaux, les flux d’investissements de portefeuille et les flux bancaires ont presque doublé au cours des 10 dernières années. Cependant, l’investissement direct étranger (IDE) a presque diminué de moitié, preuve d’un affaiblissement des paramètres fondamentaux. Les pouvoirs publics doivent tirer profit des entrées de capitaux tout en atténuant les risques découlant de la volatilité des marchés financiers mondiaux, en particulier du sentiment de risque auquel la région est deux fois plus sensible que les autres pays émergents. À cet effet, il convient de raviver l’investissement direct étranger en assouplissant les restrictions et en promouvant la stabilité macroéconomique à court terme, puis en stimulant la croissance potentielle à moyen terme. En vue de maîtriser les risques liés à la volatilité des flux de capitaux, il convient d’assurer la viabilité des finances publiques, d’utiliser les outils macroprudentiels et, le cas échéant, d’assouplir davantage les taux de change. Il demeure prioritaire d’étoffer et de développer les marchés financiers intérieurs, notamment en renforçant les cadres juridiques.
Institutions et résultats budgétaires
Dans un contexte de volatilité des prix du pétrole, de croissance molle et de conflits, les pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale connaissent de grandes difficultés budgétaires. La faiblesse de leurs institutions budgétaires a conduit à une inefficience des dépenses publiques, à une hausse de la dette publique et des déficits budgétaires et à des politiques budgétaires procycliques, en particulier dans la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (MOANAP). En améliorant la transparence de leurs finances publiques, en établissant des cadres budgétaires à moyen terme (CBMT) crédibles, en renforçant la gestion de leurs finances publiques (gestion des finances publiques), en améliorant les procédures de passation des marchés publics et en adoptant des règles budgétaires, ces pays pourraient à terme atténuer leur vulnérabilité.