Une reprise interrompue
Les événements récents ont eu raison de la reprise économique, durement acquise, qui était observée en Afrique subsaharienne. La modification soudaine des perspectives mondiales a assombri l’horizon à court terme de la région et singulièrement compliqué l’élaboration des politiques économiques. Après quatre années de crise, les autorités des pays d’Afrique subsaharienne avaient déjà dû relever un défi de taille en s’efforçant de stabiliser l’économie tout en promouvant les objectifs de développement à long terme dans un contexte où les attentes sociales étaient élevées. Cette tâche est aujourd’hui rendue encore plus compliquée par un énième choc, sous la forme d’une hausse des coûts d’emprunt mondiaux, d’obstacles supplémentaires limitant les financements extérieurs, d’une contraction de la demande mondiale, d’une baisse des cours de certains produits de base essentiels et d’une accentuation soudaine de l’incertitude économique. On accorde aujourd’hui une plus grande importance à la résilience, c’est-à-dire la capacité d’un pays à surmonter rapidement les chocs futurs. La région affiche des progrès et une persévérance notables depuis quelques années, mais elle devra poursuivre les efforts pour pérenniser la reprise et accroître sa résilience. La prudence, la cohérence et la crédibilité sont plus importantes que jamais.
Enrayer la tendance : stabilisation de la dette en Afrique subsaharienne
L’expérience passée donne à entendre qu’il est encore possible de stabiliser la dette de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, en dépit de niveaux d’endettement élevés et de nombreux facteurs de vulnérabilité.
Ces dernières décennies, les pays de la région sont souvent parvenus à stabiliser, voire réduire, leurs ratios d’endettement sans avoir recours à des restructurations de dette. De nombreux pays l’ont fait récemment, y compris après la fin du cycle exceptionnellement favorable des produits de base.
Plusieurs éléments doivent être réunis pour stabiliser l’endettement : l’assainissement des finances publiques, la mise en place d’un environnement macroéconomique sain, l’existence d’institutions solides et la mise en place de réformes structurelles propices à la croissance.
Au bord du gouffre : la fragilité et les conflits en Afrique subsaharienne
Près de la moitié des pays fragiles ou touchés par un conflit dans le monde se situent en Afrique subsaharienne. Dans ces pays, les institutions fragiles, la faible cohésion sociale, les carences en matière de gouvernance et l’instabilité économique piègent des millions de personnes dans la pauvreté. Certains pays sont parvenus à sortir de l’état de fragilité extrême en mettant en œuvre des politiques macroéconomiques solides, en diversifiant leur économie et en consolidant leurs institutions. Toutefois, il est difficile de poursuivre ces réformes dans le contexte d’une croissance irrégulière, de l’instabilité politique, de l’exposition aux catastrophes naturelles et d’une forte dépendance à l’égard des ressources naturelles, ces facteurs tendant à accentuer la vulnérabilité face à la volatilité des prix et les problèmes de gouvernance. Parallèlement, une faible mobilisation des recettes intérieures et une diminution de l’aide freinent encore le développement. En l’absence de réformes et d’une aide internationale continue, l’état de fragilité risque d’aggraver l’instabilité régionale et les bouleversements économiques, entraînant des répercussions mondiales.