La politique macroéconomique peut jouer un rôle essentiel dans la prévention des conflits armés, ce qui permettrait de sauver des vies, d’éviter les souffrances, les déplacements et les migrations forcés ainsi que les larges dégâts sur l’économie.
C’est ce qu’indique une nouvelle étude du FMI qui met en avant des simulations reposant sur des politiques publiques qui intègrent des conflits anticipés grâce à l’apprentissage automatique. L’étude montre que chaque dollar investi dans la prévention (dans des mesures visant à promouvoir la stabilité macroéconomique et la croissance, à renforcer les institutions et à soutenir le développement des communautés locales) peut permettre d’économiser entre 26 et 103 dollars des coûts potentiels liés à un conflit. Il s’agit notamment du coût lié aux vastes besoins humanitaires ainsi qu’à la baisse de la production économique.
Comme le montre le graphique de la semaine, ces économies sont particulièrement notables dans les pays à haut risque affectés par des violences récentes.
Il est plus urgent que jamais de créer des leviers économiques susceptibles de favoriser la paix et la stabilité. L’année dernière, les conflits impliquant des forces étatiques ont atteint leur plus haut niveau en un demi-siècle, selon le programme de données sur les conflits de l’université d’Uppsala en Suède. Le niveau de violence non étatique est également élevé. Dans ce contexte, le FMI accorde une plus grande attention aux pays fragiles ou touchés par un conflit, notamment par l’intermédiaire d’une stratégie spécifique.
De récentes études du FMI montrent que trois aspects des politiques macroéconomiques nationales sont particulièrement importants pour réduire efficacement le risque de conflit, moyennant un coût raisonnable :
- Rééquilibrer la situation budgétaire et améliorer les capacités de l’État. Le risque de conflit est réduit lorsque les pouvoirs publics collectent plus d’argent qu’ils n’en dépensent et qu’ils dépensent plus pour fournir de meilleurs services et développer l’économie.
- Améliorer la résilience du marché du travail et les autres secteurs d’une économie forte. Lorsque le chômage est élevé, la probabilité que surviennent des violences, ainsi que leur intensité, augmentent. Lorsque les gens ont un emploi, ils sont moins susceptibles de prendre les armes.
- Soutenir la coopération internationale pour améliorer les capacités de l’État. L’analyse montre que l’aide financière qu’apporte le FMI aux pays dans le besoin est associée à une réduction de 1,5 à 4,0 points de pourcentage du risque de violence. En d’autres termes, l’appui macroéconomique peut consolider les efforts de maintien de la paix.
Étant donné que les bienfaits de la prévention sont les plus élevés là où la violence n’a pas encore complètement éclaté, il est primordial que les décideurs parviennent à mettre au point des systèmes d’alerte précoce. Cet aspect est particulièrement important dans les pays fragiles où les tensions sociales et les risques pourraient être en hausse sans que cela soit clairement visible.
Ces conclusions soulignent l’importance de disposer de politiques économiques bien adaptées et de renforcer les capacités, non seulement pour surmonter la fragilité, mais aussi potentiellement pour réduire le risque de conflit armé dans les États fragiles.
—Cet article de blog s’appuie sur un document de travail du FMI rédigé par Raphael Espinoza du département Hémisphère occidental du FMI, Hannes Mueller de la Barcelona School of Economics, Christopher Rauh de l’Université de Cambridge et Benjamin Seimon de la Fundació d’Economia Analítica de Barcelone.